Les cancers de la tête et du cou regroupent plusieurs entités selon la localisation d’origine et le type de tumeur, dont le pronostic et le traitement sont très variables.
Le cancer des muqueuses des voies aérodigestives supérieures correspondant au cancer de la cavité buccale, du pharynx et du larynx, est le plus fréquent des cancers de la tête et du cou.
D’autres cancers peuvent exister au niveau de la glande thyroïde, des glandes salivaires (glandes parotides, glande sous-maxillaire et glandes salivaires accessoires), des fosses nasales et des sinus, du cavum et d’autres tumeurs rares situées au niveau des os de la face.
Toutes ces pathologies sont prises en charge au sein de notre service, en étroite collaboration avec les services d’oncologie, de radiothérapie, d’imagerie. La prise en charge de ces cancers est systématiquement discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire.
De nombreuses innovations techniques sont apparues ces dernières années pour la chirurgie ORL. Celles-ci peuvent être pratiquées au sein de notre service, qu’ils s’agissent de chirurgie du larynx au laser, de chirurgie robotisée, de la recherche de ganglion sentinelle, de chirurgie par voie endoscopique endonasale pour les tumeurs des fosses nasales et des sinus, de reconstruction avec réalisation de lambeau libre micro-anastomosé pour une réparation des pertes de substance.
Le cancer des voies aérodigestives supérieures
Il correspond en France au 4e cancer en terme de fréquence après le cancer du sein, le cancer de la prostate, le cancer colorectal et le cancer du poumon. Le nombre de nouveaux cas par an est d’environ 14 000. Le type le plus fréquent est le carcinome épidermoïde (95% des cas).
Le facteur de risque le plus répandu est l’intoxication à l’alcool et au tabac mais depuis plusieurs années, un autre facteur de risque a été identifié : le virus HPV (Human Papilloma Virus). L’intoxication éthylotabagique peut être à l’origine de cancer des muqueuses de la cavité buccale, du pharynx et du larynx, alors que l’infection à virus HPV est à l’origine de cancer situé au niveau des amygdales et de la base de langue. L’Hôpital Paris Saint-Joseph à récemment mise en place un centre de référence avec les équipes de gynécologie, de proctologie d’urologie et d’ORL pour la pathologie liée à l’HPV. Un dépistage peut être réalisé sur le plan gynécologique et proctologique de l’infection à HPV ainsi que de la prise en charge requise. Il n’existe pas à l’heure actuelle de recommandation de dépistage systématique des pathologies O.R.L. liées à l’HPV du fait de l’absence de lésion précancéreuse au niveau de la sphère ORL.
La prise en charge de ces tumeurs repose sur plusieurs modalités thérapeutiques qui peuvent être combinées : La chirurgie classique, avec laser, ou avec robot, la radiothérapie externe, la chimiothérapie ou thérapie ciblée ou immunothérapie. La décision thérapeutique dépend de la localisation de la tumeur et du stade évolutif laquelle est prise lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire. Pour les cas complexes difficiles, une discussion est réalisée avec le service d’O.R.L. et de radiothérapie de l’institut Curie.
Les cancers des voies aéro digestives supérieures de stade précoce, correspondant à 30 à 40% des patients, peuvent être guéris par une chirurgie seule ou une radiothérapie externe seule. Ces deux modalités peuvent donner des résultats oncologiques similaires. Le choix du traitement dépend de l’accessibilité anatomique tout en préservant au mieux la fonction et en laissant une morbidité minimale. De nouvelles techniques comme la chirurgie robotique pour les cancers de l’oropharynx ou la chirurgie minimale invasive au laser pour les cancers du larynx et l’hypopharynx augmentent les chances de conserver la fonction de même que les techniques de radiothérapie avec modulation d’intensité. Pour les cancers de la cavité orale facilement accessibles par voie trans-orale ou endobuccale, la chirurgie est le traitement de choix. Les cancers de l’oropharynx sont traités initialement par chirurgie ou radiothérapie. Pour le cancer du larynx, la chirurgie par voie endoscopique au laser est réalisée en première intention si celle-ci est possible, dans le cas contraire, sera discutée une chirurgie partielle du larynx ou de la radiothérapie afin de préserver au mieux la fonction vocale respiratoire et la déglutition. Les cancers des fosses nasales et des sinus sont principalement traités par chirurgie. Les relais de drainage lymphatique au niveau cervical doivent être systématiquement traités par curage ou radiothérapie à l’exception de certaines tumeurs localisées au plan des cordes vocales.
Les cancers localement avancé de stade III ou IV ont un risque plus élevé de récidive et de métastase à distance. Les approches thérapeutiques sont généralement multimodales, tout en essayant de préserver la fonction et la qualité de vie. La décision thérapeutique est individualisée, le choix du traitement initial, de la séquence et du type de traitement proposé est discuté en réunion multidisciplinaire. Ce traitement dépend fortement de la taille et du site anatomique du cancer initial, du stade de la maladie, de l’âge du patient, de la préférence du patient, de l’état général et des antécédents du patient. La chirurgie est préférée pour les cancers de la cavité buccale associée à un curage des ganglions cervicaux suivie d’une radiothérapie et/ou chimio radiothérapie. Pour les autres sites, la chirurgie est habituellement réservée aux tumeurs accessibles à une résection et/ou avec faible réponse après une chimiothérapie première. Lorsque la chirurgie est difficile ou entraînerait une détérioration importante sur le plan fonctionnel, la chimioradiothérapie peut être le traitement curatif proposé. Pour les cancers du pharyngolarynx sans atteinte cartilagineuse, une chimiothérapie première suivie de radiochimiothérapie peut-être le protocole utilisé afin de préserver la fonction laryngée en évitant la laryngectomie totale. Dans les cas plus avancés, la laryngectomie totale peut être le seul traitement curateur proposé.